Les cosmétiques masculins, une analyse socio-comportementale.

En quoi l'usage des cosmétiques illustre-t-il le jeunisme chez l'homme ?

c) L'influence du monde du travail
 

       Dans le monde du travail le diktat du jeunisme est également très présent. La beauté et une apparence jeune donne un avantage à l'embauche et dans le déroulement de la vie professionnelle. Les critères esthétiques n’annulent pas le rôle des critères de qualification mais en atténuent ou en renforcent les effets. Le jeunisme est un phénomène discriminatoire par excellence dans le monde du travail où ce diktat est roi. C'est pourquoi toutes les méthodes sont bonnes pour, « avoir l'air jeune », faute d'y être réellement. Les produits de soins font partis des subterfuges pour donner l'illusion de la jeunesse.

       Suite et à cause de la situation économique qui depuis bien des années n'est plus celle du plein emploi, de nombreux hommes sont frappés par le chômage et s'aperçoivent ainsi que l'âge est un élément de toute première importance. On parle beaucoup du chômage des jeunes qui, tout juste sortis de formation, ne trouvent pas d'emploi. Toutefois la jeunesse passe avec le temps, et c'est entre 25 et 40 ans que se situe la période faste. Selon une source INSEE de 2010, le taux de chômage des plus de 40 ans est de 6,3%, toutefois certains chômeurs qui approchent de la retraite n'apparaissent plus dans les statistiques, ce qui minimise leur taux de chômage.

       Pour des motifs professionnels, les hommes sont donc de plus en plus nombreux à se soucier de leur apparence et à la corriger. Les poches sous les yeux ne leur donnent-ils pas un air fêtard mal vu au travail ?

       Les progrès de la médecine et l'augmentation de l'espérance de vie (selon l'Insee en 2011 elle s'établit à 78,2 ans pour les hommes ) ont modifié notre conception de la vieillesse. Comment admettre que l'on commence à être âgé à 45 ans, s'il nous reste plus de trente ans à vivre et où le jeunisme prédomine dans une société où l'apparence prime ?

       Les sociétés contemporaines sont régies par l'image que l'individu donne de lui même. Ces milieux véhiculent certaines normes physiques décrivant un modèle de beauté prédéfini : l'art de rester jeune. Ce modèle tend à une sacralisation des jeunes, c'est à dire que l'individu se doit de paraître jeune, beau et dynamique et en forme pour répondre à de nouveaux critères établis au fil du temps. Le besoin de paraître jeune n'est plus uniquement un aspect esthétique mais c'est aussi une façon de s'affirmer, pour garder sa place dans la société, pour espérer, par exemple une perspective d'évolution professionnelle. Le terme de « vieux » est devenu péjoratif. On le rapporte aujourd'hui, dans les sociétés modernes, à une déficience physique et morale. Phénomène contradictoire avec l'Afrique ou la Chine où nommer quelqu'un de « vieux » est un signe de considération et de respect de sa valeur. Pendant longtemps, chez nous également, l'âge rassurait, était synonyme d'expérience, de maturité et de sagesse.

       Aujourd'hui la première image que donne une entreprise, qui est en contact direct avec ses clients, est son personnel. L'entreprise se doit de donner une image jeune, dynamique et non « has been », à l'heure où la société de consommation impose sa loi où à peine un produit est il acheté qu'il est déjà dépassé.
 

 



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